Le bombardement de Gernika
Le lundi 26 avril 1937, de 16h30 à 20h00, 44 avions de la légion Condor et 13 avions de l’Aviation légionnaire italienne lançaient une attaque aérienne massive sur la ville de Gernika (français : Guernica) dans un bombardement alternant pour la première fois, l’utilisation de bombe explosive et incendiaire. Cette opération militaire, pour les allemands, étaient une occasion de tester les nouveaux matériels militaires.
Gernika représentait une cible symbolique, puisque c’était la ville où les rois espagnols prêtaient serments sous un chêne de respecter les Fors, c’est-à-dire l’autonomie juridique et fiscale, de cette province basque. Le bilan officiel tel que retenu par le gouvernement de la Communauté Autonome Basque est de 1654 morts et de plus de 800 blessés dont une partie furent évacués vers l’hôpital de Bilbao. La population de la ville était alors d’environ 6000 habitants (mais selon les sources de 3000 à 12000 habitants).
Plusieurs versions officielles ont été émises par le gouvernement de Franco allant de la destruction de la ville par des dynamiteurs républicains (les avions n’auraient pas pu décoller à cause du temps), à la seule responsabilité du commandement allemand. Un as de l’aviation allemande, Adolf Galland parlera d’une erreur de cible due aux mauvais temps et à l’inexpérience des pilotes, un pont proche de la ville étant visé.
Du fait de son aspect terroriste, l’événement marqua les esprits. Le soir même René Ilé s’enfermait dans son atelier et travailla sur une sculpture qu’il nommera Guernika et ne fut pas exposé de son vivant. Le gouvernement espagnole pour son stand à l’exposition universelle de 1937 à Paris commandera une œuvre à Pablo Picasso qui peindra l’horreur de ce bombardement dans ce qui deviendra une de ces peintures les plus célèbres : Guernica.
Gernika La chanson de Mikel Laboa
Quelques années plus tard, le bombardement de Gernika continue de marquer l’ esprit des artistes d’autant plus que, si enfant, on a été témoin de l’horreur et de la panique qui a suivi . En 1937, Mikel Laboa a trois ans. Son père était conseiller municipal sous l’étiquette du Parti Nationaliste Basque (PNV) à Donostia (Saint-Sebastien) et la guerre étant perdu, il s’exila en France. La famille de Mikel Laboa se réfugia dans un hameau près de Lekeitio où, de là, il fut témoin du bombardement de la ville proche de Gernika.
La chanson est une longue plainte, interminable, accompagnée d’accords discordants à la guitare : un long cri, sifflement des bombes qui tombent, cris des mourrants, des blessés, des brûlés et de l’impuissance désespérante ; quelques paroles pour reprendre son soufle, silence après les bombes, et à nouveau les hurlements devant la maison détruite la famille à l’intérieur, la découverte d’un proche mort, brulé amputé, les appels sans réponses ; toute l’horreur de la guerre résumée, l’horreur de toutes les guerres.