Biarritz sur France Inter, Gora !
Je ne sais pas si les algorithmes de Bernard Cazeneuve (les algorismes) pour détecter les terroristes sont efficaces, toujours est-il que ceux de Deezer pour vous proposer une playlist ou un album à écouter montre une perspicacité à rendre jaloux Hal, l’intelligence artificielle de « 2001, l’odyssée de l’espace « . Donc, grâce à eux, j’ai découvert l’existence d’une playlist proposée par France Inter et intitulée Biarritz. Une rapide recherche sur le site de France Inter m’apprend que le 20 mars 2015, la station délocalisait l’enregistrement de trois émissions au casino municipal de Biarritz, La bande originale présentée par Naguy, On va déguster par François-Régis Gaudry et Le masque et la plume par Jérôme Garcin. Le déplacement se faisait dans des conditions particulières, le personnel de Radio France étant engagé dans un mouvement de grève reconductible.
Alors pourquoi un article un an après ? – me diriez-vous – pourquoi tant de bruits ? Des enregistrements de portée nationale ne seront que bénéfiques pour la ville de Biarritz, amélioreront son image, doreront son blason si tant est qu’il en ait besoin. Toute la province en profitera ! – Peut-être ! mais quelle est cette image vue de Paris, si ce n’est justement une image provinciale, folklorique de gens chantant, dansant et faisant la fête, insouciant et heureux de vivre sous un soleil éternel au pied de Pyrénées.
Car, qu’est-il proposé aux auditeurs ? Les incontournables André Dassary et Luis Mariano, gloires nationales de l’opérette des années 1950 et 1960, une série de chants basques chantés (au moins dans l’imaginaire parisien) dans toutes les fêtes de village dont un, l’inusable Fandango du Pays basque1 repris ici par Chanson Plus Bifluorée et dont Francis Lopez n’aurait pas renié les arrangements ; des chansons qui parlent de surf, d’amour et de plage, résumé de ce que Biarritz représente pour un Parisien, des vacances ; seul deux titres présentent une autre vision de la musique et de la chanson basque traditionnelle avec Hitzez eltzi, par Maddi Oihenart et jazz avec Estigma beltza par Itxaso & Daniel Perez.
Volontaire ou pas, cette programmation relève plus d’une culture basque imaginée et rêvée que d’une réalité culturelle telle qu’elle est vécue localement : avec seulement deux titres montrant qu’il existerait de rares musiciens jouant dans des styles autres que celui attendu, Nous ne sommes pas loin de la représentation du bon sauvage imitant son maître. Cependant, la réalité est tout autre puisque dans les années 1970, Niko Etxart plaçait Euskal Rock’n roll dans « las cuarentas principales », l’équivalent espagnol du top 50, Errobi réalisait la fusion de la musique traditionnelle et du rock progressif (Je vous recommande l’écoute de Bizi Bizian) et que récemment Willis Drumond faisait les premières parties de Détroit, Zénith compris.
Le peu de préparation de cette délocalisation se retrouve aussi dans l’émission « La bande originale » animée par Nagui où c’est un groupe montois, Little Mouth, qui chantera 3 chansons en direct (en anglais). Pourtant, avec Amaia Rieupeyroux, Maialen, Anne Etchegoyen, les groupes Xutik et Begiz Begi, (pour ne citer qu’eux) le Pays basque nord ne manque pas d’artistes talentueux 2. Y a-t-il eu seulement un contact avec la station locale de Radio France, France Bleue Pays basque ou avec l’Atabal pour se renseigner sur la scène locale ? À première vue, cela ne semble pas être le cas.
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La délocalisation partielle d’une chaîne de radio nationale de service public pourrait être l’occasion de présenter et de mettre en avant les expressions culturelles d’une région et pour le moins ne pas reposer sur l’utilisation de clichés mettant faussement en valeur un fragment de la culture locale. Venir de si loin pour faire une émission comme dans un studio parisien, c’est beaucoup de temps et d’énergie gaspillé en vain (Mais cela les regarde).
Note : Cet article n’a pas pour but de décrier les artistes présents sur cette playlist, ni de remettre en cause la liberté éditoriale d’une rédaction (Je ne suis pas M Bolloré) mais de porter un regard critique sur ce que semble révéler ces choix.
La playlist Biarritz
Le rocher de Biarritz – Claude Nougaro
Biarritz – Rhume
Fandango du Pays basque – Chanson Plus Bifluorée
Biarritz – Luis Mariano
Mon Pays basque – André Dassary
Sous les palétuviers – Pauline Carton
L’aéroport de Biarritz – Sondheim Stephen
Hegoak (les ailes) – Anne Etchegoyen
Oi gu Hemen – Le chœur Aizkoa
Sur la planche 2013 – La femme
La Pena Baiona – Anne Etchegoyen
Estigma beltza – Itxaso & Daniel Perez
Bagare – ontuak
Love me girls – The Tedicated Nothing
Hitzez eltzi – Maddi Oihenart, SGAE

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Le rocher de Biarritz – Claude Nougaro
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Biarritz – Rhume
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Fandango du Pays basque – Chanson Plus Bifluorée
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Biarritz – Luis Mariano
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Mon Pays basque – André Dassary
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Sous les palétuviers – Pauline Carton
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L’aéroport de Biarritz – Sondheim Stephen
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Hegoak (les ailes) – Anne Etchegoyen
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Oi gu Hemen – Le chœur Aizkoa
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Sur la planche 2013 – La femme
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La Pena Baiona – Anne Etchegoyen
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Estigma beltza – Itxaso & Daniel Perez
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Bagare – ontuak
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Love me girls – The Tedicated Nothing
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Hitzez eltzi – Maddi Oihenart, SGAE
Vous pouvez écouter cette playlist Biarritz sur Deezer.
Photos :
Phare de Biarritz par Vsegal (Travail personnel) [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
Playlist Biarritz : Copie d’écran deezer.
- Musique de Francis Lopez – André Tabet et Gérard Carlier. Devenue une chanson traditionnelle, Fandango du Pays basque est une musique du film Fandango réalisé en 1949 par Emil-Edwin Reinert avec en vedette Luis Mariano ↩
- Je ne cite que des artistes bascophones mais les autres ont aussi leurs places ici. ↩